L'Actualité des Ailes Limousines
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samedi 27 avril 2024
lundi 20 novembre 2023
samedi 1 avril 2023
vendredi 3 mars 2023
LES AILES LIMOUSINES INSTALLENT LE GERMAIN COUILLAUD Chez le nouveau partenaire de LGD; BMW ADVENTURE.
Toute une équipe de bénévoles des "AILES LIMOUSINES" a œuvrer pour installer le Germain Couyaud 01; P-PHFG de 1932 dans la concession BMW "ADVENTURE" avenue du président Kennedy à Limoges.
mercredi 8 juin 2022
samedi 30 octobre 2021
samedi 30 janvier 2021
Toulouse-Dakar à bord d’un Broussard, c’est le rêve d’une vie
Dans le sillage de l’Aéropostale . La première étape du raid Latécoère
relie la Ville rose à Perpignan. Une soixantaine d’avions, dont quatre vieux
modèles, ont pris le départ.
Un Broussard survole les côtes de la Méditérranée près de Gruissan, lors du raid Latécoère-Aéropostale, le 27 septembre 2018. Pierre Lepidi
Il ne reste plus
qu’une petite portion de la piste légendaire de Montaudran, au sud-est de
Toulouse, d’où décollaient Jean Mermoz et Antoine de Saint-Exupéry, direction
l’Afrique. Juste un peu de bitume envahi de mauvaises herbes entre les
immeubles. Depuis 2007, le raid Latécoère-Aéropostale, dans lequel Le
Monde Afrique a embarqué, décolle de l’aérodrome de Francazal, au
sud-ouest de la Ville rose.
Sur le tarmac où s’aligne une soixantaine d’aéronefs, quatre d’entre eux retiennent l’attention. Ce sont des Broussard, des avions de liaison et d’observation qui datent des années 1960. Avec leur moteur en étoile et leurs ailes haubanées entièrement métalliques, ils suscitent l’admiration de tous les participants, parmi lesquels on trouve des patrons de PME, des étudiants, un ancien homme politique, des logisticiens… « Il y a 100 % de passionnés d’aviation, assure Annie Lasséchère, ambulancière à Limoges. Aller jusqu’à Dakar à bord d’un Broussard représente pour moi le rêve d’une vie. J’ai accepté tous les sacrifices pour pouvoir me l’offrir. »
Il fait un soleil
printanier. Vers 14 heures, les quatre Broussard s’alignent sur la piste,
prêts à prendre leur envol face au vent. « Décollage
autorisé, annonce la tour de contrôle. Bon vol, saluez
l’Afrique ! » Plein gaz. La carcasse du vieux zinc entre
alors en transe. A l’intérieur du cockpit, tout est secoué, puis, soudain,
comme une plume, l’avion s’élève vers un ciel azur. Cet arrachement au sol
semble le soulager. Sur la gauche de l’appareil, son ombre apparaît, suspendue
dans le vide.
« Chaque escale
était un défi »
Si faire décoller un
objet de près de 2 tonnes ressemble encore aujourd’hui à un exploit, qu’en
était-il y a un siècle ? A quoi pouvaient penser Mermoz, Guillaumet et
Saint-Exupéry quand ils quittaient ce monde des « rampants », comme
ils l’appelaient, pour voler vers le continent africain ? « On
ressent les mêmes sensations qu’eux », affirme Marc Belli, pilote
de Broussard et ancien commandant de bord d’avions Beluga chez Air
France :
« La
technologie a évidemment beaucoup amélioré la navigation et les prévisions
météo, mais il y a les mêmes vibrations qu’à l’époque, les mêmes parfums
d’huile et d’essence. Les principes de vol sont toujours identiques. Les
pionniers vivaient une aventure où chaque escale était un défi mais aussi une
joie. Nous sommes tous admiratifs de cette époque. »
« Au début de chaque grande aventure, il y a forcément de la peur », explique Laurence de la Ferrière, invitée sur le raid Latécoère en tant qu’alpiniste et aventurière, première femme au monde à avoir traversé l’Antarctique en solitaire, en 2000 :
« Avant
de tenter un exploit, la peur est un ingrédient indispensable, à condition
qu’elle ne se transforme pas en panique. Les pilotes de l’Aéropostale devaient
donc ressentir cette angoisse, mais ils étaient portés par l’envie de se
dépasser et par une mission exceptionnelle, celle de rapprocher les hommes en
leur apportant du courrier. »
« Des bombes
d’amitié »
Le Broussard traverse
la Garonne. Dans le ciel occitan, les quatre vieux coucous se regroupent et
volent en escadrille. La gravité n’a pas d’emprise sur le temps. Les avions
contournent Castelnaudary, caressent d’une aile les remparts de Carcassonne et,
après une heure de vol environ, se posent sur l’aérodrome de
Lézignan-Corbières, où des dizaines d’enfants les attendent.
Le raid Latécoère,
dans lequel il n’y a aucun classement ni aucune compétition, soutient des
projets culturels et solidaires, notamment grâce à la Fondation Antoine de
Saint-Exupéry pour la jeunesse. Dans les villes où il fait escale et en
partenariat avec une centaine d’écoles, il propose aux élèves d’écrire des
lettres et les distribue à d’autres enfants le long de la ligne.
Angèle, 12 ans, ne sait pas si c’est un garçon ou une fille du Maroc, de Mauritanie ou du Sénégal qui lira sa missive sur laquelle elle a dessiné un avion et joliment écrit : « Je ne te connais pas, mais nous voilà maintenant reliés par cette lettre. Je te souhaite du bonheur et tout plein de fleurs… Pendant les guerres, les pilotes larguent des bombes. Moi, je rêve d’aviateurs larguant des bombes d’amitié. »
L’avion repart vers
l’est, chargé de lettres et de d’espoirs. La rédaction du Monde Afrique a
aussi demandé à son journaliste d’apporter un courrier important à Matteo
Maillard, correspondant du journal au Sénégal.
« La crainte des
montagnes »
Un peu avant Gruissan,
une immense tâche bleue qui se confond avec le ciel surgit devant l’avion. La
Méditerranée est là, droit devant. Un silence religieux se fait dans le
cockpit. Le vieux Broussard semble glisser sur l’air en longeant la côte à une
altitude d’environ 1 000 pieds (300 mètres), avant de se poser à
Perpignan.
Les festivités du
centenaire de la ligne aéropostale vont se poursuivre jusqu’au lendemain soir,
avec des conférences animées notamment par Raphaël Domjan, pilote de
SolarStratos, un avion qui vise à voler dans la stratosphère grâce à l’énergie
solaire, et Raphaël Dinelli, ancien navigateur en solitaire reconverti en
pilote d’un aéronef électrique fonctionnant grâce au soleil et à un mélange
moteur d’huiles végétales et d’hydrogène.
Il y a aussi des spectacles, le passage de la Patrouille de France et une visite au ponton mythique de Saint-Laurent-de-la-Salanque, dans les Pyrénées-Orientales, où la société Latécoère fit construire, dans les années 1920 sur l’étang de Salses, une base pour l’envol et l’amerrissage de ses hydravions.
« C’était
en 1926. Je venais d’entrer comme jeune pilote de ligne, écrit Antoine de Saint-Exupéry au début de Terre
des hommes. Essais d’avions, déplacements entre Toulouse et
Perpignan, tristes leçons de météo dans le fond d’un hangar glacial. Nous
vivions dans la crainte des montagnes d’Espagne, que nous ne connaissions pas
encore, et dans le respect des anciens. »
Le lendemain, le raid
doit franchir les Pyrénées pour se poser à Barcelone. Tous les participants ont
le regard déjà tourné vers l’horizon. Et au loin, il y a l’Afrique.